La prodigieuse carrière de Gellé, né en 1777 à Créhange en Lorraine, résume à elle seule toute une époque. Elle se reflète dans les décorations de l’Ordre du Lion d’or, de la Couronne de Chêne et de l’Ordre de Léopold, reçues entre 1841 et 1843 qu’il fera ajouter sur un tableau peint quarante ans plus tôt.
Le rôle de ce célibataire franc-maçon et orangiste dans la vie publique du Luxembourg fut considérable. Sa famille s’y installe en 1786 sous le régime autrichien. Après la prise de la forteresse par les Français, il entame dès 1796 une carrière dans l’administration municipale. En 1800, il est promu chef de division à la préfecture du département. Ancien confident du Prussien von Schmitz-Grollenburg sous le gouvernement provisoire, puis secrétaire général du gouverneur Willmar, il devient en 1816 greffier des États Provinciaux et dirige ainsi avec Willmar le Grand-Duché néerlandais.
La Révolution belge le plonge en 1830 dans un isolement volontaire. Membre de la commission de gouvernement dès 1835, son action se limite à la ville. Guillaume II le nomme en 1840 dans la commission pour l’élaboration d’une constitution luxembourgeoise et lui confie des missions officielles. La première le mène en 1842 à Sedan pour la translation des cercueils de Marie-Élisabeth de Nassau (†1642), fille du Taciturne. La seconde, plus délicate, a lieu à l’occasion de la visite les souverains belges à Arlon en 1843. Prononçant un discours chaleureux pour la Belgique, il s’y conduit plus en représentant des Luxembourgeois qu’en celui du roi des Pays-Bas et sa relation avec Guillaume II se refroidit.