Les photographies du démantèlement

Les photographies du démantèlement

La photographie anonyme de la Percée de l’Avenue Monterey 1869 est un souvenir phare du démantèlement. Nous en connaissons cinq tirages : deux conservés au MNHA (dont un provenant de la collection du Ministre d’État Eyschen), deux aux Archives nationales et un dans une collection privée. Le faible nombre de tirages, la commande officielle de photographies non destinées à une diffusion sur le marché privé, leur fragilité et surtout l’envoi à l’étranger devraient suffire pour en expliquer la rareté relative. Une douzaine d’ouvriers et d’ingénieurs prennent la pose avant la percée définitive. On ne voit que les toitures de la ville, notamment celle du bâtiment du Génie (la future poste) qui se cache encore derrière les derniers vestiges du rempart, alors que le Ravelin Camus de 1674, dont subsistent les contreforts et les masses importantes de remblai, vient de tomber. La disposition des personnages en profondeur permet de se faire une idée de l’envergure du dispositif de défense du front de la plaine et des difficultés de bouger ces masses de terres avec quelques chariots et autres brouettes primitives d’un nombre limité d’ouvriers. Il s’agit de la première photographie à Luxembourg qui met en scène un groupe de personnages en plein air. La photographie étant encore à ses débuts, les problèmes techniques à surmonter ont dû être considérables. En effet, la plus ancienne photographie de la ville forteresse, prise à l’occasion de la construction du viaduc, remonte seulement à 1859. Avant cette date, nous ne connaissons que quelques rares daguerréotypies, des portraits de la bourgeoise, dont la plus ancienne date de 1845.

Le 13 septembre 1869, l’Atelier de Photographie Brandebourg & Rissé, ouvert depuis juin 1863 au 5 Montée de Clausen, adresse une note de facture pour la somme considérable de 300 F au Directeur général de la Justice, Henri Vannérus, pour 112 photographies représentant les démolitions de la forteresse. Et en effet, il existe une série de photographies anonymes, de taille importante et identique, toutes prises à l’occasion des travaux de démantèlement du front de la plaine.

À quoi ont bien pu servir ces photographies ? Vannérus, qui se justifie suite à un visa de paiement émis par la Chambre des Comptes, nous en indique la raison : En commandant ces photographies, j’ai eu principalement pour but de fournir aux officiers du génie que je suis obligé de consulter et qui résident à l’étranger un moyen simple et peu coûteux de s’éclairer sur les effets des travaux de démolition.
(ANLux, Régime Constitutionnel 1857-180, n° 3692).

(François Reinert)

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